LES LEBLANC * de la région de Nicolet, Trois-Rivières (Champlain, Yamachiche et Louiseville) (Le texte en rouge concerne mon ascendance patrilinéaire) Nous voici en présence de la famille qui a fourni le plus de victimes à la déportation. D'une souche primitive unique qui s'était implantée sur le sol d'Acadie vers l'année 1650, il s'était formé plus de 80 rejetons séparés dans l'espace d'un siècle. Oui, toutes les familles acadiennes Leblanc, qu'elles soient aujourd'hui à la Louisiane, à Belle-Isle-en-mer, au Cap Breton, à la baie Sainte-Marie, au Madawaska, sur les côtes du Nouveau-Brunswick ou de la Gaspésie, dans nombre de paroisses de la Province de Québec, etc., toutes ces familles descendent d'un ancêtre commun du nom de Daniel Leblanc, né en France en 1626, marié aussi en France vers 1650 et qui est venu s'établir à l'Acadie peu de temps après son mariage. Il vécut et mourut à Port-Royal, en s'appliquant exclusivement à développer ses cultures. En 1671, il est un de ceux dont les défrichements sont les plus avancés et son troupeau d'animaux est un des plus considérables. Sa famille alors se composait de six garçons et d'une fille, savoir: a) Jacques,
né à Port-Royal en 1651 (il est âgé de 20 ans); Etienne, le second des fils de Daniel Leblanc, a dû mourir célibataire, car son nom ne figure pas dans les recensements subséquents de l'Acadie. En 1686, Daniel et sa femme sont encore vivants. Tous leurs enfants sont mariés et groupés autour d'eux à Port-Royal; et déjà, dans ces nouveaux foyers, le nombre d'enfants qui s' y pressent montre assez que la progression commencée par le père va être continuée par le fils. Il faut donc profiter de l'enthousiasme qui porte les jeunes gens de Port-Royal à aller s'établir aux Mines; et à mesure que les jeunes Leblanc arrivent à l'âge de l'homme, ils vont y prendre des terres et commencer des défrichements. Quand donc arrivera le recensement de 1714, nous serons tout surpris de ne trouver à Port-Royal qu'un seul Leblanc, le dernier des fils de Daniel, Pierre, d'abord marié à Marie Thériot et allié en secondes noces à Madeleine Bourg, et ayant une famille de sept enfants: quatre garçons et trois filles. Les quatre autres fils de Daniel sont rendus aux Mines et ils forment déjà 17 familles distinctes groupées à la Grand'Prée et à la rivière des Habitants. Dans ces 17 familles, il y a 39 garçons et 26 filles. En 1727, il y aura aux Mines 23 Leblanc qui prêteront le serment d'allégeance à l'Angleterre. Vingt-huit ans plus tard, en 1755, ces familles auront triplé et Winslow comptera 65 familles Leblanc dans le district des Mines. Dès lors, on comprend que c'est un sérieux travail que d'essayer à retracer la filiation de tous ces Leblanc! Et n'étaient les importantes déclarations des nombreux Leblanc rapatriés à Belle-Isle sur mer, et les données plus sûres fournies par des fragments de registres de la Grand'Prée conservés à St-Charles d'Iberville en Louisiane; et surtout les patientes recherches de spécialistes comme M. Placide Gaudet et l'abbé G.M. Leblanc, ils seraient bien rares les Leblanc de la génération actuelle qui pourraient remonter jusqu'à Daniel. Mais grâce aux découvertes déjà faites et aux travaux qui se continuent, les Leblanc connaîtront bientôt, pour la plupart, leur généalogie complète; et moi pour un, je veux apporter une petite part à ce travail. Voici donc comment j'analyse, d'après les déclarations des habitants de Belle-Isle sur mer, les transmigrations des Leblanc de Port-Royal aux Mines, pour pouvoir me débrouiller avec les 12 Leblanc de la Grand'Prée et les 5 de la Rivière des Habitants.- Ce furent, sans doute, les aînés des quatre familles qui allèrent commencer les défrichements aux Mines et préparer les voies à leurs frères cadets. Mais Jean à Jacques est plus vieux que ses cousins de 6, 8, et 10 ans; ce fut donc le premier des colons Leblanc des Mines. Dès 1692, ce Jean Leblanc avait atteint sa 18e année, et c'est à cette époque que je place sa prise de possession de son nouveau domaine. Après y avoir travaillé pendant 4 ou 5 ans, il revint à Port-Royal pour sy marier vers 1696 ou 1697 avec Marguerite Richard, fille de Michel et de Madeleine Blanchard. Ses cousins, Jacques et François à René qui avaient alors 17 et 15 ans, et Antoine, qui lui aussi avait atteint ses 15 ans, purent l'accompagner à son retour et prendre leurs terres à la Grand'Prée. Enfin vers 1700, Jean à André, marié à 16 ans avec Jeanne Bourgeois, fille de Guillaume et de Anne Martignan, vint à son tour s'établir à la Grand'Prée. Il y arrive avec son père qui, ayant vendu sa propriété à Port-Royal, se trouve aux Mines avec du capital moyennant quoi le père et le fils purent acheter d'anciens colons du lieu, des fermes déjà bâties et en partie en valeur. Mais ce Jean Leblanc qui, jeune encore, arrive aux Mines 8 ans après son cousin, Jean à Jacques, toujours surnommé le junior, tandis que l'autre sera le Jean Leblanc, sénior. En 1727, on l'appela même le vieux Jean Leblanc. Jacques, René et Antoine à Daniel qui ont déjà une partie de leur famille établie aux Mines ne tarderont pas à suivre l'exemple d'André, et à profiter de la première occasion pour vendre leurs terres de Port-Royal et aller s'installer auprès de leurs enfants. Déjà cependant à la Grand'Prée, les terres se font rares et Jacques est obligé d'aller s'établir à la rivière des Habitants, avec son fils René. Antoine ne peut rester à la Grand'Prée qu'en faisant des marchés avec son fils aîné qui trouve des avantages à céder sa propriété à son père, pour aller prendre une terre avec son oncle à la rivière des Habitants. Ces préliminaires posés, entrons avec le recensement de 1714, chez les Leblanc des Mines. Tout d'abord c'est chez Jean Leblanc junior qui a femme et quatre enfants, trois garçons et une fille. Nous sommes donc chez Jean à André, marié à Jeanne Bourgeois. Ses enfants:
Voilà bien les quatre enfants notés par le recensement, mais pendant que nous y sommes, finissons-en tout de suite avec cette famille. Les enfants qui naissent de 1709 à 1719 vont, après une vie éphémère, reposer au cimetière. Ceux qui survivent ensuite sont:
Voilà pour la famille de Jean Leblanc, junior. Passons maintenant chez Jean Leblanc, sénior, fils de Jacques et Catherine Hébert, né en 1674, marié à Port-Royal vers 1696 à Marguerite Richard, fille de Michel. Il y a 5 garçons et 3 filles. Ce sont: Joseph, Michel, Pierre, Jean et Charles. Des trois filles de Jean Leblanc sénior, je ne connais qu'Anne, née en 1700, mariée vers 1723 à Joseph Boudrot. Je ne connais pas non plus les épouses de Joseph, Michel et Pierre. Jean fut marié à Marie Thériot, fille de Claude et Agnès Aucoin. Il sont morts tous deux à Falmouth en Angleterre, laissant plusieurs enfants dont deux se trouvent à Morlaix en 1767. Charles fut marié à Madeleine Vincent, déporté à Philadelphie où ils ne laissèrent pour héritier qu'un enfant nommé Charles, mort célibataire et intestat vers 1818. La fortune de ce Charles Leblanc ou Charles White qui ne s' élevait qu'à $36,200.00 a été l'objet de bien des convoitises; et, de nos jours encore, il ne manque pas de descendants de Daniel Leblanc qui ne cessent de rêver aux moyens de prouver leurs droits à la possession de cette fortune! Mais quils sachent donc que cette succession a été réclamée devant la Cour de Philadelphie, par ses plus proches parents, dans un procès qui a duré neuf ans et qui s' est terminé en 1828, par un jugement de partage égal entre les cousins germains et cousines germaines du dit Charles. Or, d'après des recherches qui avaient duré aussi longtemps que le procès lui-même, la Cour n'avait pu découvrir que 16 héritiers enfants des frères et soeurs du père du dit Charles Leblanc. Ce furent: Chez JEAN: a) Joseph personnellement pour 1/16; b) Baptiste par ces cinq enfants 1/16; c) Jean Charles par ses huit enfants 1/16; d) Marie Josephte mariée à François Hébert par ses sept enfants 1/16. Chez MICHEL: a) Marguerite épouse de Joseph Landry par ses deux enfants 1/16; b) Elisabeth, épouse de Jean Baptiste Babin par ses huit enfants 1/16. Chez JOSEPH: a) Marguerite épouse de François Landry par ses cinq enfants; c'est Luc Landry, un de ces derniers, qui a fourni les cautions de ce célèbre procès. b) Pierre d'Alcantara par ses cinq enfants 1/16. Chez PIERRE: a) Marie, mariée à Pierre Boudreau par ses cinq héritiers 1/16; b) Françoise, mariée à Béony Bourg par les deux branches de sa descendance 1/16.
Chez ANNE LEBLANC, mariée à Joseph Boudrot, ce sont: Enfin les deux dernières parts furent attribuées aux descendants de Armand Mélanson et aux héritiers de Marguerite Renaud. Il faut croire que l'une des soeurs de Anna Leblanc était mariée à un Mélanson et l'autre à un Renaud. S'il existe encore en séquestre à Philadelphie quelques restes de la fortune de Charles Leblanc, ce doivent être les parts des héritiers Mélanson et Renaud qui n'auraient pas été réclamées en 1828. * * * Nous arrivons ensuite chez ANDRÉ LEBLANC à Daniel, marié vers 1683 à Jeanne Marie Dugas, fille d'Abraham et de Marie Doucet. En 1686, il avait un garçon de deux ans, Jean, dont il a été question plus haut. En 1714, on lui attribue quatre garçons et deux filles. Malheureusement par les déclarations de Belle-Isle-en-mer, nous n'arrivons à connaître qu'une fille, Claire Leblanc mariée à Joseph Robichaud. En 1767, elle est rendue à Saint-Malo en France. Je crois que l'autre fille d'André Leblanc était Marie, née vers 1688, qui fut mariée à Germain Cormier, fils de Thomas et qui est morte à Québec en 1758 (70 ans). Volontiers aussi, j'attribuerais à André Leblanc la paternité de François et de Bernard Leblanc que le recensement de 1714 nous montre établis à la Rivière-des-Habitants, et qui d'après les déclarations de Belle-Ile-en-mer, ne sont ni fils de René, ni fils d'Antoine, à moins qu' ils ne soient les fils de Jacques, nés après le recensement de 1686. Nous entrons ensuite chez Antoine à Daniel, né en 1662, marié à Port-Royal vers 1681 à Marie Bourgeois, fille de Jacob et Jeanne Trahan. Il a encore avec lui quatre garçons et deux filles. Mais il a déjà trois garçons et une fille mariés. Déjà en 1686, il avait deux garçons: Antoine, né en 1682 et Charles né en 1684. Cette famille, parfaitement connue par les déclarations de Belle-Isle-en-mer, se composait de dix enfants, sept garçons et trois filles:
Trois des enfants de René et Anne Thériot ont été enterrés à Québec en1758; mais il y en a au moins un qui a survécu à tous ses proches, c'est Pierre Leblanc, marié à Pigiquid le 29 août 1768 avec Marguerite Saulnier, fille de Charles et Marie Bourg. La descendance de ce petit-fils d'Antoine à Daniel doit se retrouver quelque part dans les Provinces Maritimes. Nous n'entrerons point chez Charles à Antoine, non plus que chez Pierre. Leur père vient de nous apprendre que ce sont deux jeunes mariés,- que Charles a trois filles et que Pierre en a deux. Avant de faire connaissance avec les familles de François à René, Pierre à René, de René fils, de Jacques à René, entrons tout d'abord chez leur père, le vieux René à Daniel, né en 1657, marié vers 1679 à Anne Bourgeois, fille de Jacques et Jeanne Trahan. Le recensement de 1714 lui donne six garçons et deux filles, déjà celui de 1686 lui attribuait trois garçons, savoir:
En 1714, Jacques, l'aîné de ses fils, est noté comme ayant trois garçons et quatre filles. La liste suivante de ses enfants montre en effet que sept de ses enfants sont nés avant 1714:
En 1714, chez François à René Leblanc, marié à Jeanne Hébert, il y a trois garçons et deux filles.
S'il faut en croire M. Placide Gaudet, le René Leblanc, noté au recensement de 1714 avec six garçons et deux filles, ne serait autre que le notaire, qui en mariant la veuve d'Alain Bugeaud aurait, en même temps adopté tous ses enfants qui auraient été au nombre de cinq, tandis qu'alors lui, le jeune René né en 1684, marié à Saint-Charles en 1709 à Elisabeth Mélanson, n'en avait encore que trois: Benjamin, baptisé à Port-Royal en 1710; Jacques baptisé aux Mines en 1712; Marie Josephte, baptisée en 1714. Toutes les recherches que j'ai faites pour contrôler l'affirmation de mon ami M. Gaudet, ne m'ont fait connaître qu'un seul Bugeaud (Joseph) assermenté en 1727; il est marié à Josephte Landry. En 1755, nous trouvons trois Bugeau: Joseph, fils de Joseph ci-haut, marié à Anne Leblanc, fille de Jean à André,- Amant Bugeau et qui est à l'Ile Saint-Jean en 1749 au nombre des Acadiens réclamant des secours des Gouvernants français,- et Paul Bugeau, l'un des principaux déportés de Philadelphie. Ces deux derniers sont aussi probablement des fils de Joseph et de Josette Landry. Le notaire René Leblanc eut encore deux enfants avec Élisabeth Mélanson, l'un né en 1716 dont on ignore le nom, l'autre Élisabeth, née le 6 décembre 1718. - Devenu veuf peu de temps après la naissance de cette fille, René Leblanc convola en secondes noces le 26 novembre 1720 avec Marguerite Thébeau qui lui donna 17 enfants dont six garçons: René et Simon, jumeaux, nés le 17 novembre 1730, - Joseph Marie né le 30 mai 1738, - Paul Marie né le 2 mai 1742,- Pierre Benjamin besson avec Esther nés en mai 1740, - Jean Baptiste né le 5 janvier 1745. Marguerite Thébeau eut sa dernière enfant le 5 avril 1748. Le notaire Leblanc avait 71 ans quand arriva le grand Dérangement. Sa position comme principal citoyen des Mines et comme chef d'une des familles les plus nombreuses, le fait souvent citer par les historiens comme exemple de la cruauté et de la barbarie des bourreaux des Acadiens. Il avait été l'un de ceux qui avaient observé la plus scrupuleuse neutralité. Ayant une nombreuse famille et de grands intérêts à protéger, il avait donné son allégeance à la Couronne d'Angleterre sans arrière-pensée; et les autorités anglaises semblaient lui donner toute leur confiance. Chose remarquable, le recensement de Winslow de 1755 qui contient les noms de 65 Leblanc, ne renferme certainement pas le nom du notaire René, non plus que celui de son fils, car il n'y a pas un seul René. Winslow avait-il l'intention d'épargner le vieux notaire dans la proscription qu'il méditait contre les compatriotes de ce dernier? Celui-ci aurait-il décliné les avances du commandant anglais? ... Il est prouvé par le journal de Winslow que celui-ci usait et abusait des services du jeune René Leblanc, pour tous les genres d'affaires qu'il avait à traiter avec les gens des Mines durant l'été de 1755. Quoiqu'il en soit, le vieux notaire partagea le sort de ses compatriotes; et quand les historiens disent que sa famille, composée de 20 enfants et de 150 petits-enfants, fut jetée éparse sur toute la côte d'Amérique anglaise, ils exagèrent peut-être un peu la vérité pour ce qui regarde ses petits-fils, mais ils ne sont que strictement véridiques quand ils comptent ses propres enfants et restent en deçà de la réalité pour ce qui est de la dislocation. Car trois de ses filles au moins se trouvèrent mêlées aux Acadiens qui gagnèrent le Canada à pied à travers les forêts. Blanche, âgée de 29 ans en 1755, se marie à Lorette le 5 octobre 1762 à Michel Bonhomme, veuf de Madeleine Cotin. Elle mourut en donnant naissance à son premier enfant.- Ursule née en 1733, qui se marie à Québec le 6 février 1758 à Jacques Babuty, fils d'un libraire de Paris.- Esther, née en 1740 qui se marie à Québec en janvier 1756 à Raymond Bourdages. Pour ce qui est du vieux notaire lui-même, il aborda d'abord à New York avec ses deux plus jeunes enfants. Il se mit immédiatement à la recherche des autres dont il ignorait le sort; mais brisé par le chagrin, la misère et l'âge, il mourut à Philadelphie, après avoir retrouvé trois autres de ses enfants. J'ai dit que les historiens qui donnent à René Leblanc 150 petits-enfants ont exagéré la vérité. En effet, à l'époque de la dispersion, la moitié au moins de ses enfants du deuxième lit n'étaient pas encore mariés et les autres ne l'étaient que depuis quelques années seulement. Il est vrai que dès 1734, Marie Josephte, une de ses filles du premier lit, se marie à Joseph Meunier, fils de Paul et Claire Saint-Castin. Celle-ci a bien pu avoir une douzaine d'enfants avant la dispersion. Supposons que ses deux frères et ses soeurs se soient mariés de 1734 à 1740 et qu'il y ait une dizaine d'enfants dans chacun de ces quatre ménages, ce qui est au-dessus de la réalité, nous n'aurions que 52 âmes. Dans l'hypothèse qu'on admettrait que chacun des enfants du second lit se soit marié au fur et à mesure qu il arrivait à la majorité, cela nous en donnerait dix, mariés de 1742 à 1754. Donnons, Si l'on veut, cinq enfants en moyenne à chacune de ces familles, cela nous fera en somme que cinquante et l'on arrive avec tous ces chiffres exagérés à 102 en tout. J'ai compté les enfants de cinquante Leblanc de la liste de Winslow, et je n'en ai trouvé en tout que 140. Il est donc hors de toute vraisemblance que René, à lui seul, ait eu plus de petits-fils que tous les autres Leblanc, réunis. Maintenant Si les trois filles du notaire Leblanc, mentionnées plus haut, sont venues au Canada avec quelques-uns de leurs proches, ce dont on ne peut douter, ce doit être le Leblanc qui, sous le titre de garde-magasin du Roy dans les postes de Sa Majesté, assiste au mariage de Jean Jacques Babuty avec Ursule Leblanc et que je trouve établi à Champlain en 1759. Jean- Jacques Leblanc, marié à Marie Héon. Enfants:
Ce dernier est l'ancêtre de M. Casimir Leblanc, ordonné prêtre 25 septembre 1892, vicaire à la Cathédrale des Trois-Rivières et en 1903 curé de Sainte-Flore. Jean Jacques Leblanc est mort à Champlain le 23 janvier 1790, âgé de 70 ans, Marie Héon y fut enterrée le 20 février 1807, âgée de 77 ans. Elle était donc de 10 ans plus jeune que son époux. En 1686, Jacques Leblanc Il, né à Port-Royal en 1651, marié vers 1673 à Catherine Hébert, née en 1656, fille d'Antoine et de Geneviève Lefranc, avait déjà huit enfants:
En 1714, Jacques Leblanc a encore avec lui deux garçons dont on ne connaît pas les noms, mais l'un doit être Jacques junior et l'autre est né en 1688. A une petite distance de la propriété de Jacques sur la Rivière-des-Habitants, se trouve celle de son fils René, marié à Jeanne Landry. Les déclarations de Joseph rendu à Belle-Isle sur mer en 1767 nous font connaître cette intéressante famille. Savoir:
Jean Leblanc, le père de tous ces enfants fut enterré à Yamachiche le 13 juin 1771. Je n'ai pas trouvé l'acte de sépulture de Marguerite Hébert. Maintenant les enfants de Pierre Leblanc V et de Madeleine Trahan sont:
Les enfants de Joseph Leblanc et de Geneviève Benoit sont:
Comme on perd ensuite la trace de ce ménage, c'est la preuve que cette famille a émigré ailleurs. Joseph Leblanc serait allé demeurer à Saint-Michel d 'Yamaska. Avec Jean Leblanc ci-dessus, arrivait à Yamachiche un autre déporté de Boston du nom de Augustin Leblanc IV fils de Pierre à Antoine à Daniel et de Françoise Landry, né à Grand'Prée le 25 novembre 1724 et marié à Saint-Charles vers 1752 à Françoise Hébert, née en 1733 (Jean Baptiste et Elisabeth Granger). Augustin a une histoire fort intéressante. Qu'on ouvre "Le pèlerinage au pays d'Evangéline" à la page 445, l'on y verra que l'abbé Casgrain, appuyé sur les dires d'une vieille Euphrosine Leblanc, veuve d'Amable Léger, consacre une page à ce malheureux déporté des Mines. "Il en fait un des fils du vieux notaire Leblanc, marié assez longtemps avant 1755 pour que ses enfants fussent déjà grands et capables de porter sur leur dos, chacun son petit paquet des effets qu'on voudrait emporter, etc., etc...". Comme une tradition donnée par M. Casgrain contredisait sur plusieurs points les faits que j'avais pu recueillir sur ce Leblanc, je multipliai les recherches et les investigations pour pouvoir rétablir les faits dans la stricte vérité. Il ressort de mes recherches qu'Augustin Leblanc n'est pas le fils du notaire, qu'il n'a pas échappé à la déportation en fuyant dans les bois et en passant directement de l'Acadie au Canada; qu'en 1755, il n'y avait que trois ans qu'il était marié; que tous ses enfants, sauf Jean, sont nés sur la terre d'exil, que sa femme est morte deux ans après son installation à Yamachiche. Tout d'abord, je dois à l'obligeance de M. Placide Gaudet la liste suivante des enfants de Pierre Leblanc, marié à la Grand'Prée le 16 février 1711 à Françoise Landry (Antonio et Marie Thibodeau):
Pierre Leblanc, père de ces 15 enfants, est à plusieurs reprises dans les actes de baptême de ses enfants nommé Pierre Leblanc dit Pinau. Le journal de Winslow signale Augustin Leblanc au village des Pinons. D'un autre côté, Charles Leblanc fils d'Augustin décédé à Memramcook portait le nom de Pinou. Il faudrait donc conclure que l'orthographe de ce mot a été défigurée ou changée par les copistes. Vraisemblablement Pierre Leblanc est allé mourir à l'Hôpital de Montréal en 1769. L'acte de sépulture lui donne 85 ans. M. Placide Gaudet eut encore la complaisance de me communiquer les détails suivants, recueillis de la bouche d'un petit-fils d'Augustin établi à Fox Creek, Nouveau-Brunswick. "Augustin Leblanc, fils de celui qui nous occupe, naquit à bord du navire qui emmenait ses parents en exil. Son frère Charles vit le jour à Boston, et Jean à la Rivière-aux-Canards. Joseph et Etienne se fixèrent aux Trois-Rivières, tandis que Augustin, Charles et Jean vinrent s'établir aux Ruisseaux des Renards (Fox Creek). Marie, leur soeur, épousa un Thibodeau de la Baie des Mines. Jean Leblanc demeura dix ans à Boston et sept à Magès, Machias, Maine. Lorsqu'il arriva à Magès, le capitaine Allen le prit pour interprète des sauvages. Il parlait très bien l'anglais. D'après cette tradition, il n'y a qu'un enfant d'Augustin qui soit né en Acadie, c' est l'aîné Jean, et c'est bien le cas, puisque tous les autres nés en exil ont été baptisés à Yamachiche après l'arrivée de cette famille dans la paroisse. D'un autre côté, j'ai obtenu de M. Joseph Leblanc de Saint-Grégoire, arrière-petit-fils d'Augustin, copie de la déclaration que son père Léandre Leblanc avait laissée à sa famille avant de mourir. Voici cette déclaration: "Le nom de mon père est Etienne Leblanc, ma mère Marie Tessier. Leur contrat de mariage fait à Yamachiche est daté du 31 janvier 1789 et leur âge sur ce contrat de mariage est : mon père vingt-deux ans; ma mère dix-huit ans. Mon père est natif de Boston et il avait trois ans quand il est venu à Yamachiche et il avait trois ans quand il fut baptisé, il était le plus jeune de la famille. Mon grand-père paternel se nommait Augustin Leblanc, ma grand'mère Françoise Hébert.-Mon grand-père venait d'Acadie. De là il est venu à Boston, de Boston à Yamachiche. Quand il quitta l'Acadie, il emmena tous ses enfants, mais de Boston, trois retournèrent en Acadie, ce sont Augustin, Jean et Charles; ils étaient probablement les plus vieux. Les autres restés au Canada sont : Simon, Joseph, Etienne, mon père, et une fille Isabelle, mariée à Joseph Thibodeau. Ma mère est native d'Yamachiche, mon grand-père maternel se nommait Pierre Tessier, ma grand'mère, Marguerite Gélinas." Telle est la tradition dans la famille d'Etienne Leblanc, le dernier fils d'Augustin et de Françoise Hébert. Elle doit être assez exacte; cependant il s'y trouve des allégués contradictoires. Si Etienne Leblanc avait trois ans quand son père arriva à Yamachiche, alors il est né en 1764. Il s'est donc rajeuni de trois ans dans son contrat de mariage, puisqu'en 1769, il dit qu'il n'a que 22 ans. Et puis les trois fils aînés d'Augustin ne sont pas retournés de Boston à l'Acadie; excepté peut-être Jean qui alors arrivait à ses 15 ans et qui se serait engagé au capitaine Allen à Magès, comme interprète des Sauvages. Augustin et Charles sont certainement venus à Yamachiche avec leur père, puisqu'ils y sont baptisés sous condition le 6 septembre 1767. Au reste, ils étaient encore bien trop jeunes pour pouvoir se suffire à eux-mêmes, hormis qu'ils aient été adoptés par quelques parents. Il faut donc mettre à une date ultérieure l'époque de leur retour à l'Acadie, c'est-à-dire lorsqu'ils furent à peu près arrivés à leur majorité vers 1780. Ensuite Léandre Leblanc qui est d'accord avec son cousin de Fox Creek et la vieille Euphrosine pour dire que trois de ses oncles sont retournés à l'Acadie, témoigne en même temps qu'il en est resté 3 au Canada son père Etienne, Joseph et Simon. Or de ce Simon Leblanc, je n'ai trouvé aucune trace nulle part; et ni Euphrosine, ni le Leblanc de Fox Creek n'en font mention. Est-ce une erreur de Léandre? L'ensemble du témoignage est si correct qu'on ne peut supposer qu'il ait pu ainsi se tromper sur le nom de ses oncles, surtout un de ceux qui étaient restés au Canada. Qu'est devenu ce Simon Leblanc? A-t-il laissé une famille? Mystère! La présence d'Augustin Leblanc est signalée à Yamachiche en 1767, et sa femme Françoise Hébert y a été inhumée le 3 mai 1769, âgée de 36 ans. "On ne peut dire sans exagérer un peu qu'il a conduit sa femme au cimetière en arrivant au Canada." abbé Casgrain. Ses enfants nous sont déjà connus, ce sont:
Je laisse à mon ami Placide Gaudet la mission de vous faire connaître les familles Leblanc de Fox Creek et de Memramcouk, ma tâche à moi est de noter: les enfants de Joseph Leblanc V et de Marie Landry:
Marie Landry fut enterrée à Nicolet le 28 mars 1794, âgée de 45 ans, et le 12 janvier 1795, Joseph Leblanc se mariait en secondes noces avec Marie Louise Vigneau qui lui donna les enfants suivants:
Joseph Leblanc n'a pas eu d'enfant avec la veuve Faucher. Les enfants d'Etienne Leblanc et de Marie Madeleine Tessier sont:
On voit qu'Etienne Leblanc, après avoir demeuré à Yamachiche jusque vers l'an 1802, a alors émigré à Saint-Grégoire, est devenu acquéreur des propriétés du haut du lac Saint-Paul où sont encore aujourd'hui trois de ses petits-fils. Mgr Tanguay fait marier Etienne Leblanc, fils d'Augustin avec Amable Loranger, fille de Joseph Rivard dit Loranger et de Geneviève Côté: c'est une erreur de sa part. Etienne Leblanc, qui se marie à Yamachiche le 16 novembre 1778 à Amable Loranger est fils de feu Joseph Leblanc et de feue Madeleine Mélanson des Mines en Acadie. Il reste à Yamachiche jusqu'à l'automne 1783, preuve les enfants qu'il y fait baptiser: Etienne le 3 septembre 1779,- Marie Amable le 22 août 1781 et Marguerite le 14 août 1783. Je perds ensuite la trace de cet Etienne Leblanc qui a dû aller planter sa tente ailleurs. Son père peut fort bien être un frère d'Augustin? Encore à Yamachiche, je trouve le mariage de deux autres Leblanc, fils de Jean Baptiste Leblanc et de Marie Fortin, de Contrecoeur. Jean Baptiste, marié à Yamachiche le 7 janvier 1799 à Amable Blaye (Jean Baptiste et Marie Anne Godard),- Pierre, baptisé et marié à Yamachiche le 6 octobre 1806 à Brigitte Chainé (Joseph et Marie Rose Bélanger). Enfin l'on trouve encore aujourd'hui à Saint-Grégoire des descendants de Paul IV, fils de Paul et Marie Josephte Richard, né à Port-Royal le 25 septembre 1745, sépulture à Saint-Grégoire le 17 octobre 1814, âgé de 70 ans, marié à Marie Hébert, fille de Jean Baptiste (ou Jean tout court), et d'Elisabeth Granger, baptisée à Bécancourt. Les enfants sont:
Paul Leblanc IV appartenait à une famille de 13 ou 14 enfants que le grand dérangement a éparpillée aux quatre vents du ciel. Comme son voisin et arrière-cousin, Etienne, Paul Leblanc eut trois de ses frères qui retournèrent dans les provinces maritimes et s'établirent à Memramcook. Pour lui et ses deux frères, François et Basile, ils purent s'établir d'abord sur des terres au haut du petit village Godfroy en juillet 1773. Une de leurs soeurs épouse Pierre Richard, habitant de Saint-Charles de la rivière Richelieu; une autre trouve à se marier à Charles Arseneau de Sorel, veuf d'Anne Arseneau. Mais il reste encore plusieurs enfants de cette famille dont la destinée est ignorée. Je tiens de M. Placide Gaudet la liste complète de ses frères et soeurs. Son père qui se nommait aussi Paul, était fils de Pierre à Daniel et de Madeleine Bourg. Le 6 octobre 1732, il épousa à Port-Royal, Marie Josephte Richard, fille de René et de Marguerite Thériault, sa cousine 4 x 4.- Les enfants sont:
Marie Josephte Richard fut inhumée à Nicolet le 2 juin 1795 à l'âge de 84 ans. Elle serait donc née en 1711. On l'a vieillie de 2 ans, car elle est née à Port-Royal le 9 janvier 1711. Basile Leblanc, fils de Paul et de Marie Josephte Richard, 1) marié en premières noces à Marie Landry est à Deschambault le 8 février 1769 pour le baptême de Jean Edouard. 2) On le retrouve plus tard aux Trois-Rivières le 24 janvier 1780 pour son deuxième mariage avec Marguerite Mireau. Il figure très souvent dans les actes de baptême et de mariage de ses compatriotes, mais je ne lui ai pas trouvé d'enfant issu du second lit. Je crois qu'il est mort sans laisser d'héritiers directs, sépulture à Saint-Grégoire le 19 mai 1820 (66 ans environ). François Leblanc, frère du précédent, né à Port-Royal le 27 décembre 1750 marié en janvier 1778 à Marie Joseph Pichet est à Maskinongé où le 14 mai 1781, il fait baptiser François. Le 2 mars 1785, il fait baptiser Simon à la Rivière du Loup et le 2 juillet 1787 il y fait baptiser un autre enfant Joseph. Il s'était fait le serviteur du Père Petrimoulx qui lui fit acheter une terre à la Rivière du Loup de Joseph Lambert en 1774. Il eut une nombreuse famille. Il est vraisemblable et possible que ce soit le frère de Paul et Basile, ce qui fut ensuite vérifié par son contrat de mariage, 7 janvier 1778. Quant aux filles Leblanc, j' ai pu en identifier quelques-unes de celles que le sort a amenées sur nos rivages. Madeleine Leblanc, mariée en premières noces à Joseph Richard et en secondes noces à Joseph Leprince, était une fille de Joseph à Pierre à Daniel et de Marguerite Bourgeois. Anne Leblanc, femme de Joseph Bourgeois, inhumée à Bécancourt le 2 juin 1792, âgée de 95 ans, était une fille de Pierre à Daniel et de Madeleine Bourg, par conséquent la tante de Madeleine ci-haut nommée. Marie Leblanc, mariée à François Béliveau, était une fille de Sylvain à Jean à André et de Anne Leprince. Élisabeth Leblanc, femme de Jean Baptiste Benoît dit Bercas, fut inhumée à Bécancourt le 30 avril 1792 à l'âge de 71 ans. Élisabeth Leblanc, femme de Pierre Landry, inhumée à Maskinongé le 10 juin 1801, âgée de 70 ans. Marie Luce Leblanc, mariée à Joseph Doucet, pourrait bien être, avons-nous dit, une fille de Paul et Marie Josephte Richard. Marie Rose Leblanc, mariée à Jean Baptiste Hébert, sépulture à Bécancourt le 22 mai 1771 était une soeur d'Augustin (Pierre et François Landry). * Notes
manuscrites de Monseigneur Louis Richard de Trois-Rivières, |